Communiquer avec ses parties prenantes dans 30 ans ?

Geneviève Bouché –
Futurologue et Cybernéticienne

Dire que le monde change, n’est pas une information. Mais tenter de comprendre pourquoi et donc dans quel sens il change, c’est la question qui fait le cœur de l’expertise du futurologue.

Le futurologue déconstruit le présent et le passé récent pour comprendre les vecteurs de changement et leurs dynamiques respectives. Pour cela, agrège tous les enseignements que nous fournissent les autres disciplines qui nous racontent le passé. Elles sont nombreuses : l’histoire, la géographie, la géopolitique, l’anthropologie, mais aussi les biosciences et le numérique.

Le changement que nous abordons concerne l’humanité tout entière, mais chaque zone géopolitique et climatique vit cette mutation en fonction de son passé et de la nature des changements auxquels elle est exposée. Il s’agit d’un changement au moins aussi profond que celui qu’ont vécu nos aînés lorsqu’ils se sont sédentarisés. Ils ont opéré une adaptation physique et physiologique, mais aussi culturelle et sociale. C’est ce que nous vivons actuellement, sauf que nous ne disposons pas d’autant de temps que nos aînés. Nous sommes bousculés par 3 facteurs : le changement climatique, le dérèglement démographique et l’évolution des technologies.

Nous franchissons une étape complètement nouvelle dans notre évolution : en matière de satisfaction de nos besoins primaires (se nourrir, se loger, se vêtir, se soigner), nous avons acquis une maîtrise suffisante pour commencer à nous tourner vers la recherche de satisfactions d’un niveau supérieur. En particulier, conscient des limites des satisfactions produites pas le consumérisme, nous cherchons à développer l’estime de soi, celle que l’on acquière en donnant du temps, du savoir et de la créativité à nos communautés.

C’est ce qui fait que nous devenons accros du « co » : collaboration, coopérative… etc. Dans ce monde tout en « co », la communication devient plus stratégique que jamais dans la création de valeur.

Notre paysage socio-économique se transforme, idéalement de manière volontaire… Mais hélas, le passé nous montre que cela passe souvent par la force, ce que les citoyens du monde veulent éviter.

Les populations de mieux en mieux informées et éduquées réclament des modes de gouvernance radicalement différentes : nous passons progressivement du mode pyramidal au mode organique et fractal, celui qui va du plus près de la matière au plus collectif et spirituel de notre vivre ensemble.

Dès lors, nos modes de communication et de prise de décision évoluent pour devenir plus circonstanciés. C’est la raison pour laquelle nous nous outillons pour gérer le complexe.

Le numérique première génération, celui que nous pratiquons actuellement est basé sur le gigantisme. Il touche à ses limites : technologiques, mais aussi fiscales, juridique et surtout en termes d’acceptabilité.

Déjà, de nouvelles approches, basées sur de nouvelles architectures commencent à se dessiner de manière à être plus efficaces et plus respectueuses de l’environnement et des personnes.

La manière de produire des biens et des services évolue également avec la fin attendue des pays à bas coûts et l’avènement de l’économie circulaire et de la fonctionnalité.

Par exemple, le secteur de l’automobile, puissant moteur de l’économie allemande et occidentale en général, se métamorphose avec un déplacement des pôles de pouvoirs, mais surtout la recomposition du tissu entrepreneurial. Concevoir une voiture est une affaire de marketing et de communication. Elle doit répondre à des standards forts, en particulier ceux imposés par les acteurs de l’énergie et des infrastructures. Avec l’économie de la fonctionnalité, la quantité de véhicules produits diminue d’un rapport de 1 à 10. Les critères de qualités sont basés sur la modularité et la facilité d’entretien.

Le changement structurel de ce secteur de l’économie pèse dans la recomposition géopolitique.

Tous les secteurs de l’économie sont touchés. Les entreprises transnationales cèdent la place à des tissus entrepreneuriaux évolutifs et modulaires plus réactifs et plus difficiles à attaquer.

Bref, tout change, même la relation client ! Elle devient plus continue entre le local et le cyber. Seuls les produits d’exception vont avoir le droit de prendre l’avion, le bateau ou le camion pour aller de l’usine au consommateur. La priorité est au local et à l’échange complexe : à cause de la multiplicité des acteurs, des modes de paiement, des réglementations et surtout les us et coutumes.

Dans le même temps, les outils de communication deviennent plus puissants et les exigences plus complexes au fur et à mesure que nous apprenons comment fonctionne le monde qui nous entoure, ainsi que nos processus mentaux individuels et collectifs.

La communication qui semblait devenir une affaire de technologie, elle devient une science majeure.

Les métiers de la communication ont toujours été vecteur par lequel se noue ou se détruit la confiance. Ces métiers sont récents : moins d’un quart de siècle. Ils sont encore en formation, mais surtout plein d’avenir !

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